Le moteur de ce projet a été les 40 agents stratégiques de la régénération de la langue kichwa qui se sont entraînés pendant 8 week-ends consécutifs aux stratégies de revitalisation de la langue Kichwa dans le cours organisé conjointement par l'organisation Kichwa Sisariy et Basque Garabide. Méthodologiquement, ce cours pionnier a eu une approche théorique-pratique dans laquelle les participants ont reçu 120 heures d'enseignement de 12 experts Kichwa et 6 experts basques et ont cherché une application aux connaissances acquises. Les 18 personnes qui composent le corps enseignant proviennent d'organisations référentielles, comme Radio Iluman ou Tinkunakuy dans le cas du Kichwa ou du Cluster sociolinguistique, de la Fondation Elhuyar, de l'AEK, du Conseil municipal d'Andoain ou d'Aiaraldea Ekintzen Faktoria dans le cas du basque.

Bien que le cours soit terminé, l'organisation a annoncé l'annulation de la cérémonie de clôture prévue pour le 16 mars en raison de recommandations sanitaires visant à empêcher la propagation de Covid-19. L'objectif de l'événement était de présenter publiquement les 9 projets de revitalisation linguistique, fruit du travail réalisé pendant le cours. Le recteur de l'UTN (Universidad Técnica del Norte) à Ibarra, où ce cours a eu lieu, prévoyait de présider la cérémonie et, avec lui, plus de 30 autorités avaient confirmé leur présence, dont le préfet de la province d'Imbabura, le maire d'Ibarra, capitale de la province, ou les maires de grandes villes comme Cayambe, Cotacachi et Otavalo, en plus du directeur de zone de l'éducation bilingue.

Elvis Tuquerres, coordinateur de l'organisation Kichwa Sisariy, apprécie le développement du cours de manière très positive et souligne que "nous avons introduit le minga (travail communautaire), une caractéristique de la communauté Kichwa, dans la sphère académique. Il est maintenant temps pour les agents sociaux et politiques nous engageons à mettre en œuvre le plan stratégique de revitalisation des kichwa que nous avons construit conjointement." Pour sa part, l'organisation basque Garabide, qui travaille avec la communauté Kichwa depuis plus de 10 ans, est surprise et reconnaissante du travail accompli, elle accepte donc de donner suite et déclare:

"il y a un besoin de sensibilisation sur l'urgence linguistique que nous vivons dans le monde, c'est pourquoi la coopération linguistique est maintenant plus nécessaire que jamais. Des initiatives comme ce cours sont référentielles, non seulement pour la communauté Kichwa, mais pour les 6 500 langues minoritaires du monde que nous luttons pour une la langue dominante ne nous remplace pas." Bien qu'une date ne puisse pas encore être fixée, l'organisation assure que la cérémonie de clôture aura lieu plus tard, une fois la crise sanitaire terminée.

Pour l'avenir, il semble y avoir un peu d'espoir à l'horizon. Après avoir nommé 2019 Année internationale des langues autochtones, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé la période 2022-2032 Décennie des langues autochtones, une initiative qui a été présentée lors d'une réunion de haut niveau devant la communauté internationale le 28 février dans le cadre de la slogan «Construire une décennie d'actions pour les langues des peuples indigènes». Et c'est précisément cet esprit de construction d'actions, non seulement pour les langues des peuples indigènes, mais aussi avec les peuples indigènes, qui a guidé cette première édition du Cours international de stratégies de revitalisation kichwa. Espérons qu'une deuxième édition suivra.